ommuniqué de presse – Paris, 15/06/2020
Bassem Braïki, blogueur et animateur d’une émission radio en ligne, sera jugé le mardi 16 juin 2020 au Tribunal correctionnel de Lyon pour injures et incitation à la haine homophobes. Les associations Mousse, Stop Homophobie et Adheos se sont constituées parties civiles.
Bassem Braïki est une personnalité très active sur les réseaux sociaux, connue pour ses prises de parole virulentes. Entre le 1er août 2018 et le 30 août 2018, il publie sur son compte Snapchat « BBRsixneuf2 », aujourd’hui supprimé, plusieurs vidéos dans lesquelles il tient les propos suivants :
« C’est pour ça que moi je paye mes impôts locaux ? C’est pour voir deux sodomites en train de boire un cocktail ? […] L’autre Toufik, sale tentouse narbou wal dik. Y en a marre, où est cette France où c’était un délit quand tu tenais la main à ton pote le sidaïque. Elle est où cette France là ? […] C’est pour ça que vous êtes dans tous les postes clés, vous voulez rendre fous nos enfants. Vous voulez les rendre barjots. »
Bassem Braïki regrette ainsi le temps où l’homosexualité était pénaliséee. On rappellera que l’homosexualité a été condamnée en France du 13e siècle jusqu’à la Révolution. La punition du « crime de sodomie » était alors celle du feu, de la strangulation ou de la pendaison, suivie de la réduction en cendre du cadavre et de tout le dossier pénal ayant conduit à la condamnation[1].
En 1791, les révolutionnaires français, influencés par Beccaria, ont aboli la condamnation pénale des relations homosexuelles. Ce mouvement libéral sera confirmé par le code pénal de 1810.
Avec l’arrivée au pouvoir de Pétain, l’homosexualité a été à nouveau condamnée pénalement le 6 août 1942[2]. A la libération, cette disposition pénale a été maintenue. De 1945 à 1982, près de 10.000 condamnations ont été prononcées pour homosexualité en France, presque toutes à l’encontre d’hommes. Parmi ces condamnations, 93 % étaient des peines de prison[3]. L’homosexualité n’a été dépénalisée en France que par une loi du 27 juillet 1982[4] sur l’initiative du gouvernement de François Mitterrand.
« Appeler à une repénalisation de l’homosexualité, c’est souhaiter que les homosexuels soient à nouveau victimes des violences, des privations de libertés et des condamnations à mort qu’ils subissaient en France avant la Révolution », a déclaré Étienne Deshoulières, avocat des associations.
De nombreux autres propos homophobes publiés par Bassem Braïki sur les réseaux sociaux font l’objet d’une instruction devant le Tribunal correctionnel de Paris.
Contact presse :
Etienne Deshoulières, avocat au barreau de Paris
0177628203
[1] BIOTTI-MACHE Françoise, « La condamnation à mort de l’homosexualité. De quelques rappels historiques », in Études sur la mort, L’Esprit du temps 2015/1 n° 147, Paris, 2015, p. 67-93
[2] BONINCHI Marc, « La répression de l’homosexualité », in Vichy et l’ordre moral, PUF, 2005, p. 143 à 193.
[3] BARDOU Florian, « Les condamnés pour homosexualité, une réalité exhumée », Libération 17 juillet 2018 : https://www.liberation.fr/france/2018/07/17/les-condamnes-pour-homosexualite-une-realite-exhumee_1667172 ; BARDOU Florian, « La répression de l’homosexualité en France demeure largement ignorée du grand public », Libération, 18 juillet 2018 : https://www.liberation.fr/france/2018/07/18/la-repression-de-l-homosexualite-en-france-demeure-largement-ignoree-du-grand-public_1667309
[4] Loi n° 82-683 du 4 août 1982 emportant abrogation de l’art. 331 al. 2 du code pénal